Je travaille sur la mémoire, qu'elle soit collective ou personnelle. Pour réaliser ce travail, je collecte, je glane quantité de choses. Parfois il me faut des années avant de trouver comment les utiliser, parfois cette matière est juste là, en attente. Ces éléments me servent comme ils sont arrivés, ou, je les façonne, pour ne garder que l'essentiel. Parfois je les dessine, je les grave, je les coupe, il n'y a pas de règle. Cette réserve hétéroclite est un univers que j'agence dans une logique d’instinct. Contrairement aux objets que j'utilise et qui peuvent être discontinus et hybrides, mon processus de création est continu: chaque élément répond au suivant pour créer une trame. Il faut du temps pour comprendre d'où viennent nos obsessions, d’où viennent ces questions incessantes qui refont surface sans prévenir, peu importe le chemin que l'on empreinte. Je dirais que ma recherche est une obsession qui me fait faire et défaire, qui me fait tordre, compresser, détruire, écrire, raturer, et que je répare sans fin. Que mon travail soit une installation, une oeuvre posée, accrochée, suspendue, ou un livre d'artiste tout ce qui est contenu dans mon travail va dans une seule direction, la recherche d'une mémoire qui sans m'appartenir me ramène à moi. «Une image manquante que je n’arrête pas de chercher».